Evaluation du tronc commun en français : la ficelle
Et le brigadier reprit : Maître Hauchecorne, voulez-vous avoir la complaisance de m’accompagner à la mairie ? M. le maire voudrait vous parler. Le paysan, surpris, inquiet, avala d’un coup son petit verre, se leva et, plus courbé encore que le matin, car les premiers pas après chaque repos étaient particulièrement difficiles, il se mit en route en répétant: -Me v’là, me v’là
Et il suivit le brigadier. Le maire l’attendait, assis dans un fauteuil. C’était le notaire de l’endroit, homme gros, grave, à phrases pompeuses. Maître Hauchecorne, dit-il, on vous a vu ce matin ramasser, sur la route de Beuzeville, le portefeuille perdu par maître Houlbrèque, de Manerville. Le campagnard, interdit, regardait le maire, apeuré déjà par ce soupçon qui pesait sur lui, sans qu’il comprît pourquoi. -Mé, mé, j’ai ramassé çu portafeuille ? -Oui,vous-même. -Parole d’honneur, j’ n’en ai seulement point eu connaissance. -On vous a vu. -On m’a vu, mé ? Qui ça qui m’a vu ? -M. Malandain, le bourrelier. Alors le vieux se rappela, comprit et, rougissant de colère. Ah ! i m’a vu, çu manant ! I m’a vu ramasser ct’e ficelle-là, tenez, m’sieu le Maire. Et fouillant au fond de sa poche, il en retira le petit bout de corde. Mais le maire, incrédule, remuait la tête : Vous ne me ferez pas accroire, maître Hauchecorne, que M. Malandain, qui est un homme digne de foi, a pris ce fil pour un portefeuille ? Le paysan, furieux, leva la main, cracha de côté pour attester son honneur, répétant : -C’est pourtant la vérité du bon Dieu, la sainte vérité, m’sieu le Maire. Là sur mon âme et mon salut, je l’répète. Le maire reprit : Après avoir ramassé l’objet, vous avez même encore cherché longtemps dans la boue si quelque pièce de monnaie ne s’en était pas échappée. Le bonhomme suffoquait d’indignation et de peur. -Si on peut dire !… si on peut dire !…des menteries comme ça pour dénaturer un honnête homme ! Si on peut dire !… Il eut beau protester, on ne le crut pas. Il fut confronté avec M. Malandain, qui répéta et soutint son affirmation. Ils s’injurièrent une heure durant. On fouilla, sur sa demande, maître Hauchecorne. On ne trouva rien sur lui. Enfin le maire, fort perplexe, le renvoya, en le prévenant qu’il allait aviser le parquet et demander des ordres. La nouvelle s’était répandue. A sa sortie de la mairie, le vieux fut entouré, interrogé avec une curiosité sérieuse et goguenarde, mais où n’entrait aucune indignation. Et il se mit à raconter l’histoire de la ficelle. On ne le crut pas. On riait. Il allait, arrêté par tous, arrêtant ses connaissances, recommençant sans fin son récit et ses protestations, montrant ses poches retournées, pour prouver qu’il n’avait rien. On lui disait : Vieux malin, va ! Et il se fâchait, s’exaspérant, enfiévré, désolé de n’être pas cru, ne sachant que faire, et contant toujours son histoire. La nuit vient; Il fallait partir. Il se mit en route avec trois voisins à qui il montra la place où il avait ramassé le bout de corde ; et tout le long du chemin il parla de son aventure. Le soir, il fit une tournée dans le village de Bréauté, afin de la dire à tout le monde. Il ne rencontra que des incrédules. Il en fut malade toute la nuit.
Et il suivit le brigadier. Le maire l’attendait, assis dans un fauteuil. C’était le notaire de l’endroit, homme gros, grave, à phrases pompeuses. Maître Hauchecorne, dit-il, on vous a vu ce matin ramasser, sur la route de Beuzeville, le portefeuille perdu par maître Houlbrèque, de Manerville. Le campagnard, interdit, regardait le maire, apeuré déjà par ce soupçon qui pesait sur lui, sans qu’il comprît pourquoi. -Mé, mé, j’ai ramassé çu portafeuille ? -Oui,vous-même. -Parole d’honneur, j’ n’en ai seulement point eu connaissance. -On vous a vu. -On m’a vu, mé ? Qui ça qui m’a vu ? -M. Malandain, le bourrelier. Alors le vieux se rappela, comprit et, rougissant de colère. Ah ! i m’a vu, çu manant ! I m’a vu ramasser ct’e ficelle-là, tenez, m’sieu le Maire. Et fouillant au fond de sa poche, il en retira le petit bout de corde. Mais le maire, incrédule, remuait la tête : Vous ne me ferez pas accroire, maître Hauchecorne, que M. Malandain, qui est un homme digne de foi, a pris ce fil pour un portefeuille ? Le paysan, furieux, leva la main, cracha de côté pour attester son honneur, répétant : -C’est pourtant la vérité du bon Dieu, la sainte vérité, m’sieu le Maire. Là sur mon âme et mon salut, je l’répète. Le maire reprit : Après avoir ramassé l’objet, vous avez même encore cherché longtemps dans la boue si quelque pièce de monnaie ne s’en était pas échappée. Le bonhomme suffoquait d’indignation et de peur. -Si on peut dire !… si on peut dire !…des menteries comme ça pour dénaturer un honnête homme ! Si on peut dire !… Il eut beau protester, on ne le crut pas. Il fut confronté avec M. Malandain, qui répéta et soutint son affirmation. Ils s’injurièrent une heure durant. On fouilla, sur sa demande, maître Hauchecorne. On ne trouva rien sur lui. Enfin le maire, fort perplexe, le renvoya, en le prévenant qu’il allait aviser le parquet et demander des ordres. La nouvelle s’était répandue. A sa sortie de la mairie, le vieux fut entouré, interrogé avec une curiosité sérieuse et goguenarde, mais où n’entrait aucune indignation. Et il se mit à raconter l’histoire de la ficelle. On ne le crut pas. On riait. Il allait, arrêté par tous, arrêtant ses connaissances, recommençant sans fin son récit et ses protestations, montrant ses poches retournées, pour prouver qu’il n’avait rien. On lui disait : Vieux malin, va ! Et il se fâchait, s’exaspérant, enfiévré, désolé de n’être pas cru, ne sachant que faire, et contant toujours son histoire. La nuit vient; Il fallait partir. Il se mit en route avec trois voisins à qui il montra la place où il avait ramassé le bout de corde ; et tout le long du chemin il parla de son aventure. Le soir, il fit une tournée dans le village de Bréauté, afin de la dire à tout le monde. Il ne rencontra que des incrédules. Il en fut malade toute la nuit.
I-Compréhension [/B]
1-A quelle étape du schéma narratif correspond ce passage ?
2-Complétez : Titre de la nouvelle :…………………………………………. .. Date de parution :…………………….Epoque :………………………………. Genre littéraire :…………………………………………. ………………………. Courant littéraire :…………………………………………. …………………… Deux œuvres du même auteur :
1-………………………………………….. ………………………………………….. ………………………………………….. …………….
1-………………………………………….. ………………………………………….. ………………………………………….. …………….
2-………………………………………….. ………………………………………….. ………………………………………….. ……………
3-Pourquoi le brigadier demande-t-il à Hauchecorne de l’accompagner chez le maire ?
4-Pourquoi le maire semble prédisposé à croire plutôt Malandain ?
5-Relevez du passage un énoncé descriptif et un autre narratif.
6-Relevez du passage quatre mots relatifs au champ lexical des sentiments.
7-Quelle est la réaction de Hauchecorne après son accusation ?
8-Relevez une anaphore lexicale et une anaphore grammaticale qui remplacent le maire.
9-Quelle est la tonalité qui se dégage du plaidoyer d’Hauchecorne ?
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